NOTES

 

Pour ce récit peu édifiant, Hugo et Chateaubriand procèdent à une contraction comparable du texte de Guizot, à moins que l'un n'ait inspiré l'autre.

Chateaubriand (ouvrage cité, p. 312): « A dix-huit ans il épousa la fille d'un cultivateur, Anna Hatway, plus âgée que lui de sept années. Il en eut une première fille, et puis deux jumeaux, un fils et une fille. Cette fécondité ne le fixa et ne le toucha guère; il oublia si bien et si vite madame Anna, qu'il ne s'en souvint que pour lui laisser, par interligne, dans son testament mentionné plus haut, le second de ses lits après le meilleur. »

Guizot (ouvrage cité, p. XXVI - XXVII) : « Au moment où il contracte un engagement si grave, Shakspeare n'a pas plus de dix-huit ans, car il en faut croire la naissance de sa fille aînée venue au monde un mois après celui où il avait accompli sa dix-neuvième année. Quels motifs l'ont précipité de si bonne heure dans des liens qu'il semble encore peu fait pour porter? Anna Hatway, sa femme, fille d'un cultivateur, et par conséquent un peu au-dessous de lui pour la condition, a huit ans de plus que lui; peut-être le surpasse-t-elle en fortune; peut-être les parens du poëte ont-ils voulu essayer de l'attacher, par une union avantageuse, à quelques occupations sédentaires; on ne voit pas cependant, tant s'en faut, que le mariage de Shakspeare ait ajouté à l'aisance de sa vie. Peut-être l'amour a-t-il déterminé les jeunes gens; peut-être même a-t-il contraint les familles à précipiter le légitime accomplissement de ses voeux. Quoi qu'il en soit, moins de deux ans après Susanna, ce premier fruit de son mariage, naquirent à Shakspeare deux jumeaux, un fils et une fille, dernière preuve d'une intimité conjugale qui s'était d'abord annoncée sous des apparences si fécondes. S'il en faut croire quelques indications, à la vérité douteuses et obscures, la femme de Shakspeare rappelée, comme on le verra, ou plutôt oubliée dans son testament, d'une façon étrange, ne fut, dans la suite de sa vie, que bien rarement présente à sa pensée; et cet engagement irrévocable, si hâtivement contracté, semble devoir se ranger au nombre des saillies les plus passagères de sa jeunesse. »